Introduction :
Mon nom est Mitia Coraxano
Je m’en vais vous narrer l’histoire de notre peuple, telle qu’elle fût transmise par mon père, qui la tenait du père de son au père qui la tenait lui-même du père de son père …
Que le tout puissant Baro-Devel éclaire mon esprit tandis que je m’apprête à poser les mots sur le papier, rompant ainsi avec l’ancestrale tradition de l’histoire transmise aux veillées par les anciens, histoire qui jamais ne fût écrite par l'un des nôtres .
Pourquoi rompre avec nos usages ? Telle est ma réponse : Quand l’histoire et les hommes se mirent en tête de nous éradiquer, ils surent que les mots qui s’envolent ne pourraient être entendu que par les vivants et que seuls les écrits demeurent. Alors ils firent taire les vivants en scellant à jamais leur lèvres… Le Samudaripen ( massacre total) qui frappa notre peuple lors de la seconde guerre mondiale ne fût qu'un génocide de plus dans notre histoire ...A plusieurs reprises au bord de l'extinction, notre peuple n'a survécu que par sa volonté d'être et de survivre ...
Aussi ais-je choisi de poser les mots afin qu’ils pénètrent les corps, les cœurs, les âmes et qu’ils demeurent aussi, à jamais au fond d’armoires, de coffres, de bibliothèques oubliées…et qu’ils soient protégés, par l’éternité de l’inanimé, de la corruption des corps et du vivant … J'arrive d'une époque où "le lire" et "l'écrire" était le privilège des gadjés : seuls quelques uns des nôtres possédaient ces connaissances et les mettaient au service des autres comme cela se faisait alors dans nos familles...Je ne suis pas de ceux là ! Aussi ais-je demandé à l'un des nôtes de transcrire verbatim mes propos et de les coucher sur le papier... Qu'il soit remercié pour sa patience et son travail : Parikirov amaro chavo ! ( trad : Soit remercié mon fils !)
Le paradis perdu
Au commencement étaient les Kshatriyas qui habitaient le pays Sindh, sur la côte occidentale de l’Inde. Ingénieux et travailleurs, les Sindh avaient fait de cette région un paradis sur terre. Ils avaient creusés des canaux pour irriguér les sols qu’ils cultivaient. Agriculteurs mais également éleveurs, archers, marins …Vint le temps des guerres et de la famine, vint le temps du départ et de l’exode … Au VIII ème, nos ancêtres entamèrent une marche vers l’ouest, vers des terres plus hospitalières où ils pourraient s’établir pour écrire une nouvelle page de leur histoire …Cette terre nous continuons de la chercher encore aujourd’hui…
“Siyas amen ekh baro thagar- rom.Ov
siyas amaro prins.Ov siyas amaro
padichaxos.O Roma bechenas o zuman
savre kidende ekh thaneste, ekh latche
vilayestcheste.Kale vilatchesko ala syas Sind ....
“Nous avions en ce temps là un grand roi , un rom… Il était notre Prince .C’était notre roi et nous vivions tous ensemble dans un même endroit qui s’appelait Sind…
A la fin du XII ème siècle ce fût au tour des Rajputs vont quitter les territoires de la zone centrale du nord de l’Inde ( Penjab, Rajasthan …) pour progresser vers la Grèce ( en traversant notamment le Cachemire, l’Afghanistan, l’Iran ..) où ils arrivent durant la première moitié du XIII ème siècle.
C’est de la rencontre de ces peuples qui engendra le nôtre, celui des fils de Ram : les Romané Tchavé .
D’autres exodes ont suivies…et y a fort à parier que d’autres exodes viendront… Nous autres Manush, tout comme nos cousins les Sinti, les Kalé et le peuple Lè Rom sommes issus de ce peuple originel : les Romané tchavé …Les gadjés disent aussi les tsiganes parce qu’il semble que nous soyons issus d’une caste, les Athinganoï , "ceux qui ne veulent pas toucher et être touché" …
Il y eu tant de malentendus autour de nos origines et des noms que nous sommes donnés et que l’on nous a donné …Aujourd’hui , nombre de nos petits ne savent plus très bien qui ils sont et d’où ils viennent :
Kon kana an bishtu vekus
Cacunu si Rom ?
Qui maintenant , au vingtième siècle
Est le vrai Rom ?
C'est le soleil qui caresse notre peau et lui donne ce teinte foncée dont nous sommes si fiers. Nous sommes des "têtes noires" et cela fait de nous des manouches ...Dans les temps jadis, quand nos familles passèrent les frontières incertaines des régions de l'Europe, cette couleur de peau fît de nous des démons... Le moine Cornerius nous compara aux Tartares aux visages si laids !!! Le bon chrétien que voilà !
" C'est le même soleil qui rend le lin blanc et le gitan noir !
Proverbe Yiddish de Russie
Proverbe Yiddish de Russie
A suivre